Des adhérents exemplaires, des bars qui inquiètent, des brasseurs toujours en marge, des débats à compléter.
Montréal, le 23 mars 2010 – Le Conseil d’éthique de l’industrie québécoise des boissons alcooliques, présidé par Me Claude Béland, a rendu public ce matin son troisième rapport annuel sur les pratiques des membres de l’industrie en matière de communication, de commercialisation et de promotion de l’alcool.
Le Conseil d’éthique a reçu 46 plaintes et des commentaires pertinents à son mandat de 40 personnes et organismes. Dans la plupart de ces cas, il s’agissait de plaintes précises contre des entreprises et des bars. Elles concernaient essentiellement la publicité et les activités promotionnelles.
Le Conseil se réjouit du fait que tous les adhérents au code d’éthique en ont respecté les dispositions. Très peu de plaintes ont été déposées à leur encontre et, dans le cas de celle qui était fondée, les correctifs ont été apportés sans le moindre délai.
Par contre, le Conseil note une augmentation marquée des plaintes contre les pratiques promotionnelles des bars qui, avec 15 dérogations au code d’éthique, arrivent en tête, essentiellement pour sollicitation de mineurs et pour encouragement à la consommation excessive. Toutes les plaintes contre les bars se sont avérées fondées. Ceux-ci en ont été avisés, ont été invités à s’amender et les dossiers ont été soumis à la Régie des alcools, des courses et des jeux.
En ce qui a trait aux plaintes concernant une entreprise spécifique, c’est la brasserie Labatt-Budweiser qui, avec 15 plaintes fondées, arrive en tête cette année, ex-aequo avec les bars. Une majorité de plaintes visaient la campagne des « Bud Girls ». Le Conseil a retenu toutes les plaintes à l’encontre de la brasserie, essentiellement pour recours au sexisme et à la sexualité pour vendre de l’alcool. Il a par ailleurs, eu une rencontre franche et ouverte avec les représentants de la brasserie laquelle a débouché sur un constat de désaccord sur les normes qui devraient s’imposer aux messages publicitaires de l’industrie.
Le Conseil a reçu 10 plaintes à l’encontre de Molson-Coors dont neuf pour la campagne du « Manoir Coors Light ». Cette année, en plus de mettre en scène des femmes – objets de récompense, la brasserie les a habillées en servantes. L’autre campagne ayant fait l’objet de plaintes a été « Les Pros du party ». Le Conseil a estimé que les deux campagnes allaient à l’encontre des normes d’éthique. Il a fait part de son opinion à la brasserie Molson-Coors, l’a invitée à mener une réflexion sur les arguments qu’elle utilise pour vendre ses produits et lui a proposé un dialogue sur les questions d’éthique. La brasserie n’a pas jugé bon d’y répondre.
Une année de réflexion et de retour aux sources
L’an dernier, dans son rapport, le Conseil avait souligné le fait que la perte des repères moraux comme des repères socioculturels ne lui simplifiait pas la tâche. Il a donc tenté de mieux cerner où se situe le seuil de tolérance sociale des Québécois, notamment dans le domaine du sexisme. Il poursuivra sa réflexion cette année sur l’importance de définir des normes qui correspondent aux valeurs d’aujourd’hui sans revenir sur la décision de l’industrie québécoise de l’alcool de se doter elle-même des standards les plus élevés.
« Au Québec comme partout ailleurs dans le monde, l’époque des grands consensus moraux et sociaux est révolue. Notre société est soumise aux nécessaires débats qui se traduisent par des malaises, des inquiétudes, des compromis, des durcissements et même des confrontations. La consommation d’alcool, la fête, les loisirs, la publicité, la sexualité sont au centre de ces pratiques et de ces débats. Il n’en demeure pas moins vrai que des milliers de Québécois trouvent inacceptables certaines pratiques publicitaires et promotionnelles. Qu’ils soient minoritaires ou majoritaires ne dispose pas du débat et ne clôt pas la discussion », a déclaré Me Claude Béland.
Et le président du Conseil d’éthique de préciser qu’au-delà du traitement des plaintes, l’organisme a entrepris une réflexion qui se poursuivra tout au long de 2010 et à laquelle il entend associer des organisations et des personnes qui se préoccupent de ces questions, notamment des éthiciens, et qui sont intéressées à cerner les balises de la société contemporaine.