Des producteurs et agents exemplaires, des bars plus délinquants que jamais.
Montréal, le 25 mars 2013 – Le Conseil d’éthique de l’industrie québécoise des boissons alcooliques, présidé par Me Claude Béland, a rendu public ce matin son sixième rapport annuel sur les pratiques des membres de l’industrie en matière de communication, de commercialisation et de promotion de l’alcool. Trois grands volets en ressortent : les producteurs et les agents promotionnels se sont comportés de manière exemplaire, les pratiques déjà intolérables des bars se sont encore détériorées et il importe plus que jamais de lancer un grand débat de société sur l’éthique publique.
Une industrie exemplaire
En 2008, le Conseil d’éthique enregistrait le plus grand nombre de plaintes, soit 211, pratiquement toutes contre les producteurs et agents promotionnels. En 2012, ce nombre ne s’élève plus qu’à deux. Cette diminution marquante s’explique par l’amélioration indiscutable des pratiques de commercialisation de l’alcool par l’industrie, mais le Conseil encourage néanmoins la population à demeurer vigilante et à dénoncer les situations et les pratiques qu’elle juge à l’encontre de ses valeurs.
Par ailleurs, le Conseil constate que les brasseries et microbrasseries, bien que n’ayant pas adhéré au code d’éthique, en ont, dans les faits, respecté les dispositions. « Le Conseil les invite donc à se joindre aux autres membres de l’industrie des boissons alcooliques pour que tous assument ensemble leurs responsabilités sociales », a mentionné Me Claude Béland, président du Conseil d’éthique.
L’intensification des pratiques déjà inacceptables des bars
Le Conseil déplore cependant la poursuite, voire l’intensification, des pratiques totalement inacceptables de certains bars qui non seulement se livrent à des violations des règles d’éthique auxquelles leur association a adhéré, mais qui font fi de la loi, des règlements et des règles les plus élémentaires de décence en toute impunité, comme en témoignent les 23 plaintes reçues. À une exception près, ces plaintes se sont avérées fondées.
On note en effet une augmentation des plaintes à l’encontre des pratiques commerciales et promotionnelles des bars qui exploitent la sexualité, recourent au sexisme le plus primaire, sollicitent des mineurs au sein d’établissements d’enseignement et continuent à servir de l’alcool à des personnes clairement intoxiquées, violant ainsi ouvertement la loi. Le Conseil est fort inquiet de ce phénomène.
« Il suffirait que quelques sanctions exemplaires soient prises et qu’elles soient largement publicisées pour qu’elles aient un effet dissuasif majeur. Pour cela, il faut que le gouvernement donne à la Régie des alcools les moyens de faire appliquer les lois dans toute leur sévérité à l’égard de pratiques de toute évidence illégales », a ajouté Me Béland.
Le Conseil a également reçu trois plaintes en lien avec la campagne d’Éduc’alcool sur les niveaux de consommation d’alcool à faible risque. Bien que cet organisme de prévention et d’éducation ne fasse pas partie de l’industrie des boissons alcooliques, le Conseil a tout de même examiné les plaintes. Il en est arrivé à la conclusion qu’elles étaient sans fondement.
Un débat nécessaire sur l’éthique publique
Aujourd’hui, souligne le Conseil, l’époque des grands consensus moraux et sociaux est révolue. La définition de l’éthique varie selon les personnes et les circonstances. Il n’y aurait plus d’éthique sociale ou collective, seulement une éthique privée. La consommation excessive d’alcool serait tolérable dans la mesure où elle ne dérangerait pas les autres ; tout ce qui ne porterait pas atteinte au bien-être individuel serait éthique. De plus, on peut voir une contradiction dans le fait que le gouvernement exige plus de revenus à ses sociétés d’État, tout en leur demandant de contribuer à la réduction des dépendances.
« Le Conseil invite l’industrie, les gouvernements, les médias et la société civile à pousser plus loin la réflexion collective pour nous sortir de l’éthique individuelle. Il importe en effet de nous retrouver sur le terrain de l’éthique publique fondée sur des valeurs communes non seulement à l’industrie, mais également aux autres composantes de la société », a conclu Me Béland.
À propos du Conseil d’éthique de l’industrie québécoise des boissons alcooliques
Créé en 2006, le Conseil d’éthique de l’industrie québécoise des boissons alcooliques est un organisme d’autoréglementation qui a pour mandat de voir à l’application du code d’éthique dont se sont dotés les distillateurs, les fabricants de vin, les fabricants de cidre, les agents promotionnels, la Société des alcools du Québec et auquel ont adhéré les associations de restaurateurs, de chaînes de restaurants, de propriétaires de bars, tavernes et brasseries.